Comment attirer de nouveaux publics vers les métiers du domicile ? C’est un enjeu de taille puisqu’on estime que 800 000 postes seront à pourvoir dans le secteur d’ici 2030. Pour répondre à cette problématique, nous déployons des partenariats, des innovations, soutenus par la confiance que nous accorde la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. A l’occasion de leur évènement national, nous avons évoqué les pistes et les travaux lancés pour agir dès maintenant, et dans la durée, auprès de nouveaux publics.
L’engagement de Pôle Emploi
Présente lors des échanges du 5 octobre, Anne de Vasconcelos, Chargée de relations partenariales avec les entreprises et fédérations professionnelles pour Pôle emploi, a convenu que l’instance qu’elle représente n’est pas professionnelle dans les métiers du domicile et qu’il est donc nécessaire, pour apporter des réponses aux enjeux de notre secteur, que ses équipes soient accompagnées. Cela pourra leur permettre d’acquérir « des références sectorielles, de bien connaître les acteurs économiques et de mieux transférer les infos jusque dans les territoires : régions, départements et agences ». Cette volonté se concrétise déjà sur le terrain avec plusieurs expérimentations en cours et des conventions signées avec la Fepem et IPERIA. Ces dispositifs ont pour objectif d’attirer vers le secteur de l’emploi à domicile, de mieux faire connaître les métiers et d’analyser les compétences. Sur ce sujet, Céline Spiguelaire, Responsable du service développement économique dans les territoires pour Pôle emploi, a indiqué la nécessité de « déconstruire les idées reçues et d’agir auprès des candidats potentiels. Cela passe par des kits de communication, des webinaires et des actions auprès des candidats potentiels comme nous le faisons avec le public migrant à travers le LabMigration, qui propose des parcours individualisés ».
Véronique Delaitre, Vice-présidente de la Commission Paritaire Nationale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (CPNEFP) de la branche professionnelle, a tenu à souligner « le rôle primordial joué par Pôle emploi pour notre secteur » et rappelé à ce titre l’importance de la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective (POEC). Ce dispositif permet de former des personnes en recherche d’emploi sur des métiers particulièrement recherchés dans un secteur d’activité. Elle a par ailleurs ajouté : « Nous savons également être innovants comme le prouvent les parcours « flash » que nous déployons avec Pôle emploi ».
L’action locale : une mission cruciale
Aller rencontrer et convaincre de (futurs) salariés, c’est une mission de terrain, un chantier du quotidien. C’est aussi un levier supplémentaire pour attirer de nouveaux publics. C’est ce qu’a rappelé Marina Cosset, directrice du PLIE des Hauts-de-Garonne, qui cible 700 à 750 personnes par an. Les PLIE (Plans locaux pluriannuels pour l’insertion et l’emploi) ont pour vocation de remettre en emploi des gens éloignés (des jeunes en réinsertion par exemple). Actuellement il y en a 147 déployés en France. Autant de plateformes de coordination qui sont nées de la volonté et du soutien d’élus locaux et qui représentent un « accompagnement vers un Contrat à Durée Indéterminée (CDI). C’est aussi synonyme d’un suivi au long cours et d’une insertion durable dans l’emploi ». Marina Cosset a par ailleurs indiqué l’importance de la micro-certification, expérimentée avec IPERIA par un parcours sur les 5 blocs de compétences de la branche.
Développer l’accompagnement personnalisé et la professionnalisation
Dans cette quête de nouveaux publics, Marielle Brouard, présidente de la CPNEFP de la branche professionnelle, a précisé : « Nous pouvons accueillir des personnes en insertion, à condition qu’elles aient des compétences ou les acquièrent par la formation ». Elle a souligné deux leviers qui permettent de valoriser le savoir-faire et le savoir-être, et les compétences indispensables à acquérir pour les nouveaux publics :
- Le Conseil en Orientation et Evolution Professionnel Sectoriel (COEPS) qui offre la possibilité de positionner le futur salarié et lui offrir un parcours individualisé en fonction de ses besoins de montée en compétences.
- La mise en place d’une nouvelle offre de formation de niveau 2 destinée aux salariés qui n’ont pas suffisamment de compétences pour acquérir un niveau 3. Cette certification va permettre de rentrer dans le secteur et d’y évoluer.
L’apprentissage : un pari sur l’avenir
En complément de ces échanges, Hugo Villand, Responsable développement et partenariats pour l’Association des Apprentis de France (ANAF), a souligné le besoin pour le secteur d’aller vers les jeunes : « Ils sont sensibles aux métiers qui ont du sens, c’est une carte à jouer ». Conscient des freins des métiers de l’emploi à domicile auprès de ce public (méconnaissance, missions mal perçues (pénibilité, amplitude horaire…)), Hugo Villand a toutefois tenu à saluer la signature d’une Convention Collective synonyme d’amélioration des conditions de travail et donc d’attractivité auprès des plus jeunes. Pour les attirer, il s’est félicité de la démultiplication et des différents niveaux de formations qui facilitent l’entrée des jeunes dans la formation, les aident à sortir de la spirale de l’échec et leur permettent de découvrir qu’ils sont capables de décrocher des qualifications.
Sur ce sujet, Véronique Delaitre a conclu : « Nous portons le projet de l’alternance appliqué à notre secteur depuis 2011. C’est un dispositif nécessaire que nous avons su adapter à travers le Centre de Formation des Apprentis qui s’appuie sur le réseau des organismes de formation ». Ce recours à l’alternance va passer par la mission de Maître d’Apprentissage Délégué et verra le jour lors du lancement en juin 2024 d’une 1ère cohorte en Ile-de-France. Un développement dans les territoires est ensuite prévu au 2e semestre 2024.