Il y a 30 ans, les « nounous » comme on les appelle encore (trop ?) souvent, étaient invisibles : des salariés de l’ombre, non déclarés, qui accomplissaient pourtant auprès des familles l’une des missions les plus délicates et importantes : faire grandir les enfants. Cela fait trente ans que nous construisons et accompagnons l’évolution de ce métier avec une ambition : la professionnalisation de ceux qui l’exercent. Pour célébrer la journée nationale des assistants maternels, pleins feux sur une reconnaissance patiemment acquise et les obstacles qu’il reste à surmonter.
Rendre visibles les invisibles
Être assistant maternel en 2024, c’est pouvoir prendre la parole, disposer d’un statut, de droits, bénéficier d’une reconnaissance et exercer un métier respecté qui porte un nom officiel, un nom qui évince progressivement les termes « nourrices », « nounous », « tata » ou « tatie », certes affectueux mais plutôt réducteurs. Cette reconnaissance est une vraie fierté pour tous les professionnels, et nous la partageons en tant qu’organisme certificateur mandaté par la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. C’est surtout un juste retour des choses pour ce métier profondément humain, au cœur de grands enjeux sociétaux.
En effet, en 2022, 53% de l’offre globale d’accueil des jeunes enfants étaient assurés par des assistants maternels*. Et selon les données fournies par l’Urssaf Caisse nationale et la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), environ 800 000 particuliers employeurs avaient recours à des assistants maternels agréés.
Pouvoir quantifier le nombre de professionnels, c’est une belle victoire. Cela n’a pas toujours été le cas, loin de là !
30 ans de professionnalisation
C’est en 1994 qu’IPERIA est créé à Alençon (Orne). Sa vocation ? Valoriser les métiers de l’emploi à domicile et accompagner leur professionnalisation, c’est-à-dire les employés de maison qui travaillent dans des domiciles privés, le plus souvent non déclarés. Cette structuration et la reconnaissance des missions se mettent en place à partir de 1999 lorsque la branche professionnelle des salariés du particulier employeur nous confie la conception et le déploiement de sa politique de professionnalisation. En 2006, c’est au tour de la branche professionnelle des assistants maternels de faire appel à notre expertise. 2009 a été une année cruciale avec la création des premiers titres à finalité professionnelle dont celui d’« Assistant Maternel – Garde d’Enfants », et inscrits au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).
Au fil des ans, la formation et la certification se sont renforcées. Comment ? Par le développement de modules spécifiques aux assistants maternels, par la mise en place de parcours de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), par la création d’un réseau national des organismes de formation partenaires et, en 2021, avec l’enregistrement au Répertoire Spécifique de nouvelles certifications « de spécialisation » en lien avec l’accompagnement des personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme, en situation de handicap ou portant sur l’organisation du travail en Maison d’Assistants Maternels.
Désormais, nous sommes dans une phase de professionnalisation et de reconnaissance des compétences accrue. Ainsi, entre 2018 et 2022**, les départs en formation ont plus que doublé, passants de 55 407 à 119 545 parcours accompagnés par IPERIA.
Légitimité et visibilité : ces deux objectifs ont toujours été des moteurs de notre action et ont pris une forme concrète à travers les vidéos métier incarnées par nos ambassadrices de la professionnalisation des emplois de la famille.
Penser et préparer l’avenir
En 30 ans, le secteur s’est structuré pour répondre aux besoins grandissants des familles et s’adapter aux évolutions sociales. « Nounou » est devenu un métier qui ouvre à la reconnaissance, qui offre des perspectives d’évolution et d’épanouissement professionnels.
Et demain ? Les enjeux sont, là encore, colossaux. Car le chiffre le plus important à retenir, c’est peut-être celui-ci : 151 800 assistants maternels, soit 48% des effectifs, partiront à la retraite d’ici 2030***. Quelle réponse peut-on apporter ?
Agir pour l’avenir des assistants maternels, c’est continuer à penser le métier de demain à travers l’analyse et la prospective, des études, mais aussi l’ingénierie pour construire les référentiels, c’est revisiter les titres et les adapter. Une action qui se concrétise par la création de formations spécialisées et de certifications en phase avec les évolutions sociales pour que les pratiques d’accueil collent aux nouvelles habitudes familiales, pour prendre en compte toujours davantage le bien-être et le développement de l’enfant, et intégrer les nouvelles technologies.
Un accompagnement à 360 degrés
IPERIA œuvre en faveur des (futurs) salariés à tous les niveaux : orientation, formation, certification, évolution. Son rôle se traduit par le Conseil en Orientation et en Evolution Professionnelle (COEPS), outil de la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile dont la mission opérationnelle nous a été confiée. C’est un conseil personnalisé et gratuit, une écoute du quotidien qui a déjà permis à 1 300 (futurs) salariés en un an de découvrir le secteur, d’y évoluer, de choisir une orientation ou de renforcer leurs compétences.
Il illustre notre engagement en faveur de ce métier indispensable, notre soutien indéfectible et renouvelé en faveur de la reconnaissance des compétences métiers et des compétences transversales.
* Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES)
** Bilan de la politique de professionnalisation de la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile – 2022
*** Observatoire de l’Emploi à Domicile – Etude prospective des branches professionnelles des assistants maternels et salariés du particulier employeur : relever les défis de l’emploi, des métiers et des compétences d’ici 2030, sous la direction de Eva Barachino et Nadège Turco, IPERIA, Paris, 2021