Fabien JACQUETTON Aucun commentaire

Evaluation des compétences lors d'un jury de certification

Les branches professionnelles du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile ont désigné IPERIA comme certificateur des compétences des métiers du secteur. A ce jour, nous certifions trois titres de niveau III à visée professionnelle, inscrits au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) – « Assistant de vie dépendance », « Assistant maternel/Garde d’enfants » et « Employé familial », constitués de huit blocs de compétence chacun – et de cinq certifications enregistrées au Répertoire Spécifique (RS).

A l’occasion de l’événement « Evaluer des compétences pour les certifier » organisé le 21 septembre 2021 par Centre Inffo, en partenariat avec France Compétences, Nadège Turco, directrice déléguée d’IPERIA, présentait notre stratégie d’évaluation des compétences, essentielle dans les démarches de certification professionnelle. Comment s’effectue le choix des modalités et des critères d’évaluation ? Comment se déroulent les évaluations ? Comment garantir l’homogénéité de l’évaluation ? On vous dit tout.

 

Des modalités et des critères d’évaluation adaptés

En tant que certificateur, IPERIA construit ses référentiels en quatre parties :

  • L’intitulé des composantes ou blocs de compétences
  • Les compétences associées
  • La ou les modalités d’évaluation permettant de reconnaître les compétences
  • Les critères d’évaluation

Ainsi, cinq modalités d’évaluation sont actuellement mises en œuvre (et deux modalités supplémentaires sont possibles dans le cadre des titres enregistrés au RNCP) :

  • La mise en situation professionnelle numérique : une situation est exposée au candidat, qui doit ensuite répondre à des questions fermées (QCM).
  • La mise en situation professionnelle écrite : le candidat traite d’un sujet et doit développer ses réponses à l’écrit en analysant la situation, en faisant des propositions d’action ou de projet.
  • La mise en situation professionnelle orale : le candidat doit proposer une action et la présenter à l’évaluateur sur la base d’un sujet donné.
  • La mise en situation professionnelle pratique : sur site, au sein de l’organisme de formation, le candidat traite d’un sujet avec plateau technique.
  • Le jury professionnel de composante : le candidat prépare en amont sa présentation sur la base d’une trame de dossier en lien avec la construction de son projet. Il est attendu une projection quant à sa future pratique professionnelle. « Nous l’utilisons pour évaluer la capacité de création du projet dans le cadre spécifique du CQP « Travailler en maison d’assistants maternels » par exemple. Le jury, évalue le degré de réflexion, d’analyse du candidat et la qualité du contenu présenté », indique Nadège Turco, directrice déléguée d’IPERIA.

 

Comment s’effectue le choix des modalités d’évaluation ?

Pour choisir la ou les modalités adéquates, plusieurs paramètres sont pris en compte dans l’attendu de l’évaluation de la compétence par le service d’ingénierie de certification :

  • L’analyse et le raisonnement
  • Le savoir-faire en situation
  • La compétence réactionnelle en situation

Pour ce qui est des savoir-être, ils sont évalués de manière transversale dans les modalités d’évaluation pour les certifications inscrites au Répertoire Spécifique (RS) et lors du jury de certification titre pour les titres enregistrés au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).

Chacune des familles d’évaluations est testée pour s’assurer qu’elle réponde à la demande et à la bonne reconnaissance des compétences. « Nous faisons des simulations préalables pour voir si tous les critères peuvent entrer dans une modalité d’évaluation, s’il faut plusieurs modalités et pour voir l’impact également en termes de gestion sur l’ensemble des certifications (temps homme, planification, temps dédié sur un parcours pour l’organisme de formation, choix organisationnel) », explique Nadège Turco.

La mise en situation professionnelle numérique est privilégiée pour évaluer des compétences faisant appel à des connaissances, des savoir-faire, à des nouvelles pathologies non connues classiquement dans le métier. Cela permet d’évaluer les connaissances et les compétences réactionnelles des candidats dans une situation d’emploi contextualisée. Les autres mises en situation professionnelle (orale, écrite et pratique) sont privilégiées pour évaluer les compétences relationnelles et de communication, la capacité à mettre en œuvre une pratique professionnelle dans une situation donnée. IPERIA évalue ainsi les capacités d’analyse et de raisonnement face à une problématique donnée, l’adaptation, la réactivité et le savoir-faire. Le recours au jury professionnel de composante a lieu lorsqu’il est nécessaire d’avoir une évaluation sur la construction d’un projet.

 

Comment définit-on les critères d’évaluation ?

Le service d’ingénierie de certification d’IPERIA définit les critères d’évaluation avec l’appui du réseau des organismes de formation habilités à la certification. Ces critères sont divers en fonction de la compétence et des besoins de réalisation dans le cadre des métiers, mais ils portent principalement sur la qualité de la communication et sur la cohérence des actes.

« Nous écrivons la compétence et pour la réaliser nous nous interrogeons sur ce dont le salarié/futur salarié a besoin. Qu’est-ce qui est essentiel pour réaliser l’acte en emploi ? Nous dressons une liste et nous analysons si nous ne sommes pas trop ambitieux au regard du niveau attendu supérieur de compétences. Nous ajustons en fonction et effectuons des simulations qui nous permettent d’affiner l’écriture. Toute cette phase d’expertise est essentielle pour nous assurer que nos certifications sont conformes aux attendus de France Compétences et en adéquation avec la réalité des métiers », détaille Nadège Turco.

L’évaluation n’est pas basée sur un système de notation, mais sur la notion d’acquisition : acquis / non acquis. 60% au moins des réponses aux questions doivent être réussies pour que l’évaluation soit validée (soit plus que la moyenne).

Avant toute mise en œuvre, les modalités et critères d’évaluation sont validés :

  • par les branches professionnelles des assistants maternels et des salariés du particulier employeur dans le cadre d’un conseil de perfectionnement, pour les certifications enregistrées au RNCP
  • par une commission de certification composée d’experts, pour les certifications inscrites au RS

  

Des évaluateurs de proximité

Pour des raisons organisationnelles, IPERIA s’appuie sur un réseau d’organismes de formation habilités qui mettent en place les évaluations des blocs de compétences ou des composantes des certifications RS dans toute la France. En 2020, 15245 évaluations ont ainsi été organisées, parfois même à distance en raison de la crise sanitaire.

Par ailleurs, depuis 2009, des salariés et particuliers employeurs participent à titre bénévole aux jurys aux côtés d’IPERIA, qui les forme au préalable à l’évaluation des compétences. Au nombre de 130 actuellement, ils sont mobiles sur l’ensemble du territoire (y compris en Outre-Mer). Pour marquer leur engagement, ils sont tenus de signer une charte membre de jury. Ils bénéficient d’un accompagnement par un référent IPERIA qui effectue des bilans et se montre disponible, avec au moins une journée par an d’analyse de pratique. Des campagnes de recrutement de nouveaux membres sont régulièrement lancées.

En 2020, 175 jurys professionnels de certification pour l’obtention des titres « Assistant maternel / Garde d’enfants », « Assistant de vie dépendance » et « Employé familial » se sont tenus. Au plus fort de la pandémie de Covid-19, les moyens ont été mis en œuvre pour organiser les jurys de certification à distance, les professionnels du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile ayant exprimé un fort besoin de pouvoir continuer à développer leurs compétences et avancer dans leur parcours de certification.

 

Déroulement d’un jury

  • Pour les certifications RS

La commission de certification de jury se compose d’un délégué à la certification (IPERIA) et d’un salarié et/ou un particulier employeur (membres de jury professionnels).

Elle examine un ensemble de pièces : un dossier réalisé par le candidat, les résultats des évaluations, les grilles d’évaluation et les annotations des évaluateurs (organismes de formation). Si tout est validé, la certification est accordée. Si les évaluations sont réussies, il en est de même. Si l’ensemble des pièces n’est pas satisfaisant, la certification n’est pas octroyée. En cas de ballotage, il y a un échange au vu des résultats et du dossier et une décision souveraine est prise sur la base d’une grille d’évaluation et du référentiel de compétences.

  • Pour les titres RNCP

Le jury professionnel comprend un délégué à la certification (IPERIA) et un salarié et/ou un particulier employeur.

Le jury intervient après l’évaluation et la validation des compétences techniques en centre de formation au travers des évaluations des blocs. Seul le candidat qui a réussi toutes les évaluations de blocs passe en jury final. Il prépare un dossier professionnel dans lequel il présente comment il mettrait en œuvre les compétences sociales demandées (autonomie, capacité relationnelle et adaptation).  Le jury prend connaissance du dossier en amont. Ce n’est pas ce dernier qui est évalué, mais il sert de support à la préparation de questions et à l’entretien oral. Mireille Dabadie, déléguée à la certification, donne quelques exemples concrets : « Vérifier, par exemple, qu’il sait faire face à telle situation, assurer la sécurité au domicile, qu’un assistant de vie est capable d’accompagner un employeur atteint d’Alzheimer dans ses gestes du quotidien, qu’un assistant maternel/garde d’enfants met en place une alimentation et des activités adaptés à chaque âge, qu’un employé familial sait préparer des repas. C’est aussi l’occasion de s’assurer que les connaissances et les pratiques du salarié sont à jour. » L’entretien permet de garantir que le candidat a intégré son rôle et ses missions, qu’il a acquis les postures professionnelles nécessaires dans l’exercice de son métier, spécifiquement dans le cadre de l’emploi entre particuliers. Et Mireille Dabadie d’abonder en ce sens : « Ce rôle de vérification est une responsabilité importante car à travers cette certification, IPERIA et les branches professionnelles des assistants maternels et des salariés du particulier employeur se portent garantes du niveau de qualification du salarié auprès des employeurs. »

(Re)découvrir l’interview de Mireille Dabadie, « Il faut dédramatiser le parcours de VAE », dans son intégralité

 

Garantir l’homogénéité des évaluations

Pour un certificateur, la question de l’homogénéité des évaluations est centrale, d’autant plus quand il fait appel à des jurys et des partenaires. Chez IPERIA, elle repose sur trois points clés :

  • La rédaction des sujets des évaluations (environ un millier) par IPERIA uniquement
  • La présence du certificateur, à travers les délégués à la certification (salarié IPERIA)
  • La garantie de la connaissance des attentes des membres de jury (formation, réseau)

Des outils sont ainsi mis à disposition des évaluateurs : un guide spécifique pour chaque type de « jury » (VAE, composante CQP, jury « formation »), un mode d’emploi pour les évaluations qui détermine les compétences à évaluer, les conditions de l’évaluation, les objectifs de l’évaluation, la méthode d’évaluation et fournit des aides de corrections…

IPERIA est seul à pouvoir valider et délivrer les certifications. Les décisions d’ouverture des évaluations, l’envoi des sujets, la récupération et la validation des évaluations sont également de son ressort pour chaque session. Depuis 2009, il fournit ainsi aux organismes de formation habilités un kit d’évaluation, qui les guide pas à pas pour savoir comment ils doivent évaluer, ce qu’ils doivent faire.

Élaborer, délivrer et enregistrer auprès de France compétences des certificats de qualification professionnelle, des titres à finalité professionnelle, et toute autre certification éligible au RNCP ou au RS est l’une des missions phares d’IPERIA. En 2020, IPERIA a ainsi délivré 9 970 certifications, à raison de 1 100 titres et 8 870 blocs de compétences. Aujourd’hui, la société évolue, les métiers se transforment et la place des compétences grandit. Le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile n’y échappe pas. Face à la pénurie de main d’œuvre qui s’annonce ces prochaines années en raison des départs à la retraite des effectifs, du vieillissement de la population et des nouveaux besoins qui émergent, le secteur mise sur le déploiement de l’alternance dès 2022 pour attirer des jeunes vers les métiers d’assistant maternel, de garde d’enfants, d’assistant de vie et d’employé familial. Une nouvelle modalité d’apprentissage qui sera mise en œuvre au sein d’un CFA abrité par l’Université du Domicile et qui pourrait bien nécessiter de repenser la méthode d’évaluation des compétences. En savoir plus.