Fabien JACQUETTON Aucun commentaire

Signature protocole alternance

Le 8 juillet 2021, les partenaires sociaux du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile ont signé à Marseille un protocole d’accord sur le déploiement de l’alternance. En dressant les grands principes de sa mise en œuvre pour 2022, il marque une étape majeure dans la mise en place d’un dispositif innovant pour relever les défis de l’emploi et des compétences auxquels le secteur devra répondre d’ici 2030.


 

Le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile

 
Le secteur rassemble 1,4 million d’assistants de vie, d’employés familiaux, de gardes d’enfants et d’assistants maternels. Ces métiers qui répondent aux besoins d’accompagnements fondamentaux de la vie personnelle ou familiale ont confirmé lors de la crise sanitaire leur caractère essentiel au fonctionnement de la société en continuant à prendre en charge nos aînés, à prendre soin de nos enfants et à accompagner les familles. Il s’agit donc d’un secteur professionnel de premier plan qui tient un rôle central dans l’économie et la cohésion sociale du pays.

 

Des défis à relever pour répondre aux besoins en emploi et en compétences d’ici 2030

 
D’ici 2030, les métiers du secteur devraient connaître des tensions majeures en termes de recrutement liées d’une part au départ à la retraite des salariés actuels, mais également à de la création de postes pour répondre aux futurs besoins.

En premier lieu, le métier d’assistant de vie fait face à un contexte démographique tendu qui implique de nouveaux besoins en recrutement. Dans les prochaines années, le vieillissement de la population va s’amplifier et d’ici 2030, 2,6 millions de personnes auront 85 ans et plus. Alors que l’ensemble des indicateurs montre que le domicile est le mode de résidence privilégié chez les personnes âgées de 65 ans et plus, les besoins d’accompagnement de cette population vont nécessairement augmenter. Problème, les salariés du secteur sont pour moitié âgés de 50 ans et plus (51,7% en 2017) et représentent autant de départs en retraite à pallier pour les 10 prochaines années*.

Pour les assistants maternels, les besoins en remplacement des départs à la retraite, déjà palpables aujourd’hui, seront non négligeables au cours de la prochaine décennie.

Ainsi plus de 700 000 postes sont à prévoir d’ici 2030* dans le secteur sur l’ensemble des métiers. Marielle Brouard, Présidente de la CPNEFP de la branche professionnelle des salariés du particulier employeur en déduit les conséquences suivantes : “L’écart entre les besoins d’intervention au domicile et les positionnements de main d’œuvre est clairement posé. Il va inévitablement s’accentuer sans des engagements forts et urgents”.

Il convient de souligner que pour être à la hauteur, ces engagements devront composer avec une vision nuancée du secteur. En effet, malgré une perception positive en matière d’utilité sociale et de création d’emploi, celle-ci est plus mesurée sur le développement de compétences, la valorisation des salariés et les perspectives d’évolution selon un sondage IPSOS réalisé pour la FEPEM (également dévoilé le 8 juillet lors du Congrès national de l’emploi à domicile).

Par conséquent, les défis pour y parvenir sont multiples. Il s’agit de faire connaître les métiers en valorisant d’une part leur grande utilité sociale tout en les rendant à la fois attractifs et accessibles, notamment auprès des plus jeunes. Pour Rachel Ruhland, Présidente de la CPNEFP de la branche professionnelle des assistants maternels du particulier employeur, la priorité est de “faire le pont entre l’emploi, les métiers, les compétences associées”.

 

L’apprentissage, un dispositif clé à adapter aux singularités du secteur

 
L’apprentissage est une des réponses aux besoins en emploi dans le secteur dans la mesure où il s’adresse notamment à un public jeune avec la perspective de compétences reconnues. Il leur permettra d’acquérir une qualification professionnelle à travers l’apprentissage théorique et l’exercice d’une activité professionnelle en lien avec les enseignements reçus.

Or, il va de soi que dans le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, le modèle classique qui consiste à alterner entre formation théorique dans une école et formation pratique en entreprise ne peut s’appliquer sans adaptation. Les métiers du secteur impliquent une relation singulière vis-à-vis de l’employeur dans la mesure où celui-ci est un particulier et de plus l’activité s’effectue au sein du domicile de celui-ci (ou à son propre domicile pour les assistants maternels), la plupart du temps sans la présence du ou des particuliers employeurs. A ce titre, les branches professionnelles du secteur et IPERIA mènent ensemble une réflexion sur l’adaptation du modèle de l’apprentissage aux singularités du secteur tout en tenant compte des spécificités du statut de particulier employeur et du modèle d’emploi direct entre particuliers.

En premier lieu, un accord cadre interbranche de mise en œuvre d’une politique de professionnalisation pour le secteur, signé par les partenaires sociaux en novembre 2020, inscrit le besoin de développer cette nouvelle modalité d’accès aux certifications. De cette réflexion découle le nouvel accord signé le 8 juillet au Congrès national de l’emploi à domicile qui dresse les contours du déploiement du futur contrat d’apprentissage.

Afin de rendre opérationnel ce qui est prévu dans l’accord, il importait de clarifier la question de l’exercice de la fonction de maître d’apprentissage. En vertu des responsabilités qui lui incombent, celui-ci a pour mission de contribuer à l’acquisition par l’apprenti des compétences correspondant à la qualification recherchée et au titre ou diplôme préparés, en liaison avec le centre de formation. Il doit également remplir certaines conditions en matière de diplôme et d’expérience dans le domaine professionnel visé par l’apprenti. Seulement, pour le particulier employeur, il s’avère complexe de répondre à ces critères. C’est là que se trouve la principale adaptation à faire pour le secteur, et qui est actuellement le sujet de réflexion majeur.

Dernier jalon du plan de déploiement de l’alternance : un CFA sectoriel de dimension nationale, sous gouvernance paritaire va être créé. Abrité au sein de l’Université du Domicile, acteur majeur du développement de l’offre prioritaire de formation des branches du secteur, il aura notamment pour mission de satisfaire aux obligations des CFA en tenant compte des spécificités du secteur et de travailler en réseau avec différents organismes de formation labellisés par IPERIA sur l’ensemble du territoire pour le déploiement de la partie formation

 

Un titre professionnel pour sécuriser les compétences et susciter des vocations

 
La certification est fondamentale pour acquérir les compétences nécessaires du métier et pour les garantir auprès des futurs employeurs. Elle participe également à la valorisation des métiers et des compétences du secteur. Les titres professionnels constituent un atout de taille pour des jeunes qui souhaitent exercer ce métier : ils facilitent la recherche d’emploi, sécurisent le parcours professionnel dès l’entrée dans le secteur et contribuent à faire rayonner les métiers grâce aux compétences en proposant un accompagnement de qualité.

Les trois titres IPERIA de niveau 3 « Assistant maternel / Garde d’enfants », « Assistant de vie dépendance » et « Employé familial », enregistrés au RNCP depuis 2009 (Répertoire National des Certifications Professionnelles) sont des preuves car ils impliquent l’évaluation des compétences acquises par un jury de certification. C’est un argument à faire valoir auprès des particuliers employeurs qui dans la mesure où ils confient ce qu’ils ont de plus cher (leur enfant, leurs parents, leur domicile) ont besoin de garanties et de critères solides pour départager des candidats. C’est particulièrement important pour les jeunes qui peuvent se retrouver écartés d’un recrutement par manque d’expérience lorsqu’ils ne disposent pas d’un titre professionnel. Lors d’une embauche, il est difficile pour un particulier employeur, qui n’est pas DRH, de savoir conduire un entretien et de sélectionner le salarié qui correspondra à ses besoins et à ses attentes. Les plus expérimentés ont l’avantage, et donc pour les jeunes, le titre professionnel est l’occasion de se démarquer par un savoir-faire garanti.

Enfin, les certifications professionnelles jouent un rôle crucial dans ces métiers qui souffrent encore parfois d’une image dégradée. Les titres délivrés représentent un levier d’employabilité et de sécurisation des parcours, mais aussi une reconnaissance professionnelle. Une reconnaissance par les compétences qui saura changer le regard de la société sur ces professions et attirer le jeune public par le levier de l’apprentissage pour relever les défis de l’emploi à venir !

 

*Étude prospective menée par IPERIA entre 2018 et 2020, pour le compte des branches professionnelles initiant une réflexion sur l’évaluation des besoins en emploi et définir des actions et préconisations. Télécharger l’étude